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Deuil : comment survivre à cette douloureuse épreuve ?

On compte en France 600 000 décès par an. Si bien que plusieurs millions de personnes traversent le deuil chaque année.

Comment survivre à cette douloureuse épreuve ? A qui s’adresser en cas de problème ?


Le processus de deuil est universel. Il comporte cinq grandes phases.

La première étape est la sidération, le choc et donc le déni. On a du mal à intégrer ce qui se passe. Cette étape est d’autant plus importante qu’on n’a pas eu le temps de se préparer au décès, notamment lors de morts inattendues, subites.

On traverse ensuite une étape de colère, de révolte contre le deuil. Les personnes ont parfois un sentiment d’injustice.

Ensuite démarre une phase de négociation. Il s’agit d’une sorte de marchandage interne. On se dit « si je n’avais pas fait ceci, ou cela ». Cette phase est accompagnée de regrets, parfois de culpabilités.

Puis arrive la tristesse. Il s’agit d’une phase délicate. Les souvenirs de la personne vivante reviennent et sont douloureux.

Pour l’acceptation, il faut du temps. Les mécanismes psychiques de deuil prennent du temps.


Combien de temps dure ce processus de deuil ?

La durée du processus de deuil est variable. Si on parle fréquemment d’une durée moyenne de 18 mois, certaines personnes prennent plusieurs années.


Est-ce que le processus identique chez tout le monde ?

Globalement oui.

Passée la phase de déni, la colère, les regrets, la tristesse, reviennent régulièrement… Tout se mélange. Les moments d’acceptation deviennent plus fréquents, les phases moins longues et moins intenses.

Mais le temps nécessaire est propre à chacun.


Pourquoi la mort est-elle toujours un sujet tabou ?

Selon la psychologue et auteure Sabrina Philippe, la mort n’existe plus, on éloigne les anciens dans les maisons de retraite, on ne vit plus avec eux. Il n’y a plus de rituels autour de la mort? Aujourd’hui on vit comme des immortels qui voudraient être jeunes de plus en plus longtemps.


Les rituels sont-ils importants ?

Bien sûr, les rituels sont essentiels, surtout après le décès. Ils offrent un cadre émotionnel et culturel qui est bon pour accepter la souffrance, la traverser.

Ensuite, chacun a sa façon de s’en sortir. Mais il est important de ne pas s’enfermer dans les rituels, comme aller au cimetière tous les jours. L’idée est de continuer à vivre.


Le deuil est une épreuve qui nous fait grandir

Dans le documentaire de Damien Boyer, coréalisateur du documentaire « Et je choisis de vivre » », une jeune mère qui a perdu son enfant dit la très belle phrase :

« Les vivants ferment les yeux des morts, et les morts ouvrent les yeux des vivants »

Cette femme qui témoigne n’avait plus le goût de vivre, n’avait pas de foi particulière sur laquelle elle pourrait s’appuyer. Par contre elle avait beaucoup d’amis, et se sentait toujours bien dans la nature. Elle décide alors d’aller marcher pour se remettre du deuil de son enfant. Mais avec des idées concrètes : elle a demandé à ses amis de les rencontrer sur le chemin, et d’en faire un film au cas où elle trouverait des clés.

Selon le témoignage d’une autre mère, qui a perdu son jeune fils atteint d’une maladie incurable, on commence à se remettre le jour où on arrive à remercier la personne d’avoir été dans notre vie.

Cette mère a réalisé ses limites humaines et s’est rendu compte à quel point on a besoin des autres. L’épreuve du décès de son très jeune enfant lui a permis de trouver des ressources intérieures de force.

Le très beau film « Le chemin » (titre orignal : « The Way »), de Martin Sheen, relate également la transformation intérieure d’un père qui décide de terminer, en mémoire de son fils, le chemin de Compostelle. Emportant avec lui les cendres de son défunt fils, il lui rend un dernier hommage en les dispersant tout au long de son pèlerinage. Après ce travail de deuil très symbolique, le père découvre en lui des sentiments et ressources qui lui étaient étrangères au départ.

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Mettre du sens sur le pourquoi on a été ensemble, sur ce que ça nous a apporté, est une très belle phase d’acceptation.

Selon Sabrina Philippe, psychologue :

« Toutes nos épreuves de vie, et pas seulement le deuil, sont des apprentissages de vie. On est sur terre pour grandir. »


Quels conseils pour l’entourage, pour accompagner de façon juste ?

Le deuil a besoin d’être vécu ensemble.

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On peut poser des questions, parler du défunt, entourer ceux qui ont perdu un proche.

Le deuil est une traversée qui dure, pas une montagne que l’on doit gravir.

On apprivoise son deuil petit à petit, mais on vit avec car à certaines dates on peut repenser au défunt. et la tristesse revient à ce moment là.

L’entourage, surtout s’il n’a pas vécu le décès d’un être cher, ne sait pas toujours bien comment accompagner le deuil d’un proche. Il est alors possible de dire « Je ne sais pas comment t’en parler. Je n’ai pas envie de faire de bourde, mais est ce que tu veux en parler ? « 

Tenter d’être simplement à l’écoute, de façon hyper bienveillante, sans nécessairement donner de conseils. Ce n’est pas ce qu’attend une personne endeuillé.

Ce qui est important c’est l’amour. Toutes les petites notes d’attention d’amour, d’attention sont bien venues, quelle qu’elles soient.

De l’empathie est nécessaire, pour éviter les idées maladroites. En cas de deuil de jeunes parents, les propositions à éviter :

– suggérer d’avoir très vite un autre enfant (enfants remplacement)

– penser que le deuil est moins difficile si le parent a d’autres enfants

– culpabiliser les arrêts travail

– pousser la personne à avancer si elle ne peut pas…

L’entourage a tendance à oublier les décès plus rapidement que la personne endeuillé. Un décalage se crée alors. Il est important de tendre une main à ceux qui sont encore en deuil.

Il n’existe pas de mot dans notre langue pour qualifier les parents qui ont perdu un enfant. Le parent doit en plus faire le deuil de la mère ou du père qu’il a été.


Comment se faire accompagner ?

IL est essentiel de s’entourer, de ne pas rester seul. Trouver des personnes pour mettre des mots, puis se projeter à nouveau dans l’avenir.

Il existe en France des associations qui peuvent soutenir, comme les associations « Naître et vivre » pour le soutien des parents qui ont perdu un très jeune enfant, ou encore l’association « Mieux traverser le deuil « .

Si on sent que le deuil nous empêche travailler, d’aimer, de continuer la vie, ne pas hésiter à se faire aider (psychologue, psychiatre, association, spiritualité..). Ne pas rester seul enfermé dans la souffrance.

Les CAF peuvent également accompagner pour les démarches, et apporter un soutien.

Pour écouter l’émission de la CAF sur le deuil :

http://viesdefamille.streamlike.com/media.php?p=le-deuil-comment-traverser-cette-epreuve

Invités : Sabrina Philippe, psychologue et auteure de nombreux ouvrages, par exemple « Que nos âmes reviennent », et Damien Boyer, coréalisateur du documentaire « Et je choisis de vivre ».

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La sophro-analyse pour accompagner le processus de deuil

J’aime faire les accompagnements de deuil car ils nécessitent une grande qualité d’amour, de respect, de douceur, de tact. Je respecte toujours le rythme de mon consultant, qui ne sera capable d’avancer dans ce processus de deuil que lorsqu’il se sentira véritablement prêt.

Je peux aider dans les phases précoces pour mettre des mots sur la souffrance. Lorsque le deuil est ancien et reste trop douloureux, ou trop présent dans les pensées pour passer véritablement à l’après, je propose d’identifier ensemble les phases du deuil qui semblent être bloquées.

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