Peut-on guérir des abus sexuels ?

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Les statistiques d’abus sexuels, que j’ai entendues hier lors d’une émission de télévision, m’ont fait réagir, ainsi qu’une pétition visant à abolir la prescription pour les auteurs d’incestes.

Oui, la maltraitance, la violence faite aux enfants, peuvent gâcher toute une vie. Parmi les violences très répandues se trouve le viol. L’émission citait hier que 18 000 viols sont commis (ou déclarés ? ) en France chaque année, la moitié d’entre eux concernant des mineurs. J’avais en tête les statistiques de 1/3 de femmes violées avant 18 ans, 1/3 pour les hommes. Veuillez m’excuser je n’ai pas retrouvé les statistiques officielles dont sont issues ces données.

Il est très difficile de construire une vie épanouie lorsqu’on a subit un viol. Les conséquences vont toucher toutes les sphères de la vie affective, les relations de couple, la sexualité, mais pas seulement. Ces abus précoces conduisent souvent à des états dépressifs durables, du fait de la destruction de l’image de soi, et la personne pourra aussi avoir du mal à construire une vie professionnelle satisfaisante.

J’aimerais citer un article très intéressant de la psychologue Clémentine Gérard, publié dans le Carnet de notes sur les maltraitances infantiles, 2014/1 (N° 1), éditeur Office de la naissance et de l’enfance (O.N.E.), pages 42 – 48.

http://www.cairn.info/revue-carnet-de-notes-sur-les-maltraitances-infantiles-2014-1-page-42.htm

Alors, peut-on s’en sortir lorsqu’on a subit un abus sexuel ?

Oui. Tout d’abord il est impératif d’en parler avec un thérapeute avec lequel on se sent à l’aise, après avoir établi un lien de confiance. Viol comme dépression sont des sujets tabou dans notre société, alors qu’ils touchent une grande partie de la population.

La violence commence là, dans la non écoute.

En 2012, un post sur ma page facebook avait touché beaucoup de gens : «  En Tunisie la jeune femme violée par des policiers est jugée pour atteinte à la pudeur, le viol est utilisé comme arme en Syrie, en Lybie Kadhafi avait un harem de jeunes esclaves sexuelles, et même en France, on a encore du mal à reconnaître le viol ! Les femmes ne portent pas plainte, un soupçon de « responsabilité » des victimes affaiblit souvent les accusations, seconde humiliation après la première. »

Lorsque j’accompagne ce type de traumatisme, je sais que nous aurons à libérer la rage (de façon physique si possible), travailler sur la colère qui teinte les relations aux hommes, la tristesse qui en découle, mais également sur l’humiliation, la honte, et, non des moindres, la culpabilité. Lorsqu’il s’agit de jeunes enfants, la construction psychique étant encore partielle, la peur et l’incompréhension peuvent dominer.

Ces différentes facettes psycho-émotionnelles devront être libérées, afin que l’énergie prisonnière depuis ce traumatisme puisse s’exprimer à nouveau au service de la vie.

Pour ceux et celles qui ont encore du mal à en parler, un travail peut débuter par l’art thérapie.

Enfin, face à cette violence contre les femmes, les enfants, filles et garçons, cet abus de pouvoir que l’humanité perpétue depuis la nuit des temps, je dédicace aux victimes la très belle cantate de Händel. Composée en 1709, cette cantate y est entièrement consacrée. Le chant rend hommage à une femme, Lucrèce, dame romaine, renommée par sa beauté et par sa vertu, qui, violée par son hôte sous la menace, réclame vengeance avant de se donner la mort. Tout le monde n’aime pas le baroque, mais je trouve cet air très puissant (après le récitatif).

http://www.youtube.com/watch?v=-Jr8qjdOQO8

viol, inceste