L’été nous avons la chance qu’à la télé passent quelques bons films. J’ai été particulièrement touchée hier par la portée psychique et spirituelle du film « Bons baisers de Bruges », de Martin Mac Donagh. Au début je me suis demandé s’il y avait un intérêt à regarder un film violent parlant de tueurs à gages, et puis je me suis progressivement laissée emportée par la dimension psychologique des personnages, dans un crescendo extraordinaire. Pour le synopsis du film, RDV sur Wiki … https://fr.wikipedia.org/wiki/Bons_baisers_de_Bruges
Quelle dimension spirituelle me direz-vous, chez des personnes qui tuent autrui pour de l’argent ? On pourrait croire à première vue à un non respect de la vie, du simple banditisme de personnes très peu éclairées. Puis on apprend que l’un d’eux, le plus jeune, ne se remet pas d‘avoir accidentellement tué un enfant lors d’une de ses missions, et cherche à se suicider pour se libérer de la culpabilité qu’il porte. Son ami tireur à gage est alors employé pour le liquider, le patron considérant qu’il s’agit d’une question d’honneur, l’erreur lui semblant impardonnable.
Mais au moment d’appuyer sur la gâchette, il voit son ami s’apprêtant à se suicider dans un parc pour enfants, et décide de ne pas le tuer. Il lui permet de s’enfuir, pour lui donner une chance de sauver des enfants, car il ne fera pas revenir celui qu’il a tué. Il sait alors qu’il met sa propre vie en danger. Et effectivement, le commanditaire revient pour faire le travail lui-même, tue le « vieux » qui a refusé de tuer son ami. Puis, en assassinant le jeune fautif, il tue lui même, par erreur, non pas un enfant se trouvant malencontreusement derrière sa cible, mais un nain. Il décide alors de s’appliquer à lui-même sa valeur d’honneur, et met fin à ses jours.
Ce film nous illustre au fond des principes spirituels très profonds. Le non jugement : Le jeune tueur à gage, dit le môme, tombe amoureux d’une jeune femme dealer, qu’il ne juge pas. Il trouve la beauté de cette personne derrière les apparences trompeuses. Et avant de mourir, il donne la totalité de son argent à une femme enceinte, pour son bébé. Il ne se remet jamais d’avoir tué un enfant. Au fond, son cœur reste toujours ouvert pour de bonnes actions. Il a également une grande ouverture de cœur, vis à vis de la personne de petite taille du film. S’agit-il d’une mauvaise personne ?
Chez son ami, le « vieux », c’est l’amitié, ce type de relation où l’on donnerait sa vie pour celle de l’autre, forme d’amour inconditionnel. En sacrifiant sa vie pour donner une chance à son jeune ami de revenir vers de bonnes actions réparatrices, peut-on considérer qu’il s’agit d’une mauvaise personne ? Il a dans le film une profondeur et une culture importante.
Et même le commanditaire, qui n’hésite pas s’appliquer à lui-même le châtiment selon ses principes d’honneur, et a voulu offrir à celui qu’il s’apprêtait à éliminer un séjour dans une des plus belles villes du monde, il avait au moins cela de bon en lui.
Enfin, au niveau psychologique, les actions des personnages sont dominées par des sentiments de culpabilité. Se punir d’une culpabilité que l’on porte, est-ce un signe du mal ?
La spiritualité nous apprend à regarder derrière les apparences trompeuses, à trouver les qualités en toute personne, derrière les défauts évidents, à chercher l’amour caché et l’enseignement divin derrière chaque événement, chaque expérience de vie, y compris les plus traumatisantes. Et enfin, à cesser la pensée dualiste qui sépare le bien du mal, car on voit qu’en le « pire » des criminels les deux sont intriqués dans une grande complexité. Et cette culpabilité, moteur psychologique de tant de vies souffrantes !
Bien sûr, nous recevons rarement des criminels en consultation. La culpabilité et la dévalorisation qui les anime est trop forte pour franchir la porte. Quels que soient le type de culpabilité, ou la raison pour laquelle une personne se trouve dans une dévalorisation profonde, j’aime accompagner mes clients à trouver, sans aucun jugement, le petit grain de sable, l’événement, qui fait basculer nos vies, parfois en un instant, de l’un à l’autre, et à suivre le chemin que nous choisissons, mais de façon éclairée, la fermeture, ou l’ouverture de cœur.