Les objectifs de changement d’un travail de thérapie
Le travail de thérapie, ou de développement personnel, a pour but de changer. Pas de comprendre, pas de donner du sens, pas de trouver l’origine de tous nos problèmes, car au final cette approche est sans fin et me paraît secondaire.
Non, ce qui est souhaitable, c’est bien de passer d’un état actuel qui ne nous satisfait pas à un état désiré de mieux être.
Je consacre un moment avec les personnes qui viennent me consulter, à définir leurs objectifs de changement. Mon approche concernera donc les personnes qui en ont marre de leur état actuel, et dont ce ras le bol est susceptible de mobiliser suffisamment de motivation pour pouvoir remettre en route l’énergie vitale qui permettra d’accomplir ce changement d’état.
Comment le cerveau va-t-il opérer ces changements ?
La semaine dernière avait lieu la semaine du cerveau. Nous avons eu un grand choix de conférences à Rennes, concernant les neurosciences et leur lien avec la philosophie, la psychiatrie, les sciences environnementales. Bien entendu j’ai assisté à certaines d’entre elles.
Alors je vais vous parler de cerveau.
La thérapie aboutit à remettre en activité les zones figées, non accessibles, du cerveau. Les traumatismes par exemple, aboutissent à un oubli, à un refoulement, parfois occasionnent de courtes pertes de conscience, par exemple lors des traumatismes de la naissance (ref 1). Le cerveau conserve des traces mnésiques, mais souvent, en séance, nous voyons que ces traces mnésiques sont très floues. Est-ce cela qui explique qu’on y ait difficilement accès ?
En sophro-analyse, nous retrouvons ces mémoires anciennes, ou du moins nous parvenons à mobiliser des émotions fortes du passé, associées à un événement traumatique ou vécu en perte de conscience, et que nous reconstituons ensemble. Mettre des mots sur ces mémoires oubliées permet probablement de remobiliser le circuit neuronal qui les porte. Peu importe que les souvenirs puissent alors entremêler différents événements, et même récréer des faux souvenirs. L’essentiel est de remobiliser les affects en jeu dans un de ces événements. Comme le dit le Pr S. Tordjman (ref 2), pédopsychiatre et chef du PHUPEA de Rennes, « On pourrait penser que la réactivation répétée des traces mnésiques entraîne l’existence chez le sujet de patterns prévisibles et déterminés. Mais c’est là que la plasticité cérébrale intervient. François Ansermet et ses collaborateurs (Arminjon, Ansermet et Magistretti, 2010) soulignent très justement qu’à chaque fois qu’une trace mnésique est réactivée elle devient labile et susceptible d’être modifiée par de nouvelles associations, voire même effacées. (…) On est donc loin d’un déterminisme inéluctable : ce n’est pas la trace qui produit le sujet, mais le sujet qui la produit dans un processus dynamique, modifiable, permettant le changement ».
Voilà tout à fait la propriété que nous utilisons lors d’une séance de sophro-analyse. Par la discussion, nous repérons les schémas de vie répétitifs qui bloquent l’individu dans des impasses. Nous utilisons alors la sophrologie afin d’obtenir un état de relaxation qui permet de court circuiter un peu notre activité mentale habituelle (les mots seuls ne guérissent pas). C’est ainsi que nous explorons les données inconscientes qui sont à l’origine de nos « patterns », de nos blocages.
Mais il ne s’agit pas simplement de retrouver une information. Ce que nous cherchons, c’est de revivre l’événement avec émotion. La fin de la séance permet à la personne de réorienter ses comportements en prenant de nouvelles décisions de vie, que nous chargeons également de nouveaux ressentis émotionnels et corporels. Les nouveaux comportements remplacent les anciens patterns, se gravent dans la mémoire comme s’il s’agissait de nouveaux souvenirs. Ces visualisations positives (ancrages) utilisent un processus que j’imagine proche de celui de l’hypnose. Pour le cerveau émotionnel, il n’y a pas de différence entre une scène positive imaginée aujourd’hui, et une scène réelle connue hier. L’affect remobilisé va donc permettre le changement.
Quelle solution pour ceux qui ne souhaitent pas revenir sur leurs souvenirs d’enfance ?
J’entends, et je comprends, que de nombreuses personnes ne souhaitent pas faire ce travail de recherche dans les événements du passé. Certains disent en avoir marre de ressasser leur enfance. Ma passion met avant tout en avant mon désir d’être au service de tous ceux qui souhaitent aller vers une meilleure perception de leur existence.
Alors je reprends ma casquette de chercheur, ouverte à tout ce qui peut aider ! Je transmets à mes clients – et aux lecteurs de ce blog- le fruit de mes recherches constantes.
Et la semaine dernière, je suis heureuse d’avoir entendu un auteur, Pierre-Marie LLedo, Chercheur au CNRS et à l’INstitut Pasteur, qui a écrit un ouvrage intitulé « Le cerveau, la machine et l’humain» (Ref 3).
Il explique un conseil que j’avais précédemment formulé ainsi :
Pour une vie heureuse et épanouie, faites une chose nouvelle chaque jour !
Je donnais ce conseil intuitivement, car je l’avais reçu en méditation pour moi-même. Les activités nouvelles peuvent aller de simples petits changements (par exemple je change aujourd’hui de trajet pour me rendre à mon travail, je vais faire mes courses ou déjeuner dans un endroit différent de mon habitude), ou de grands changements (faire une nouvelle activité sportive, se mettre à la musique…). Il n’est pas possible d’opérer de grands changements chaque jour, les petits suffisent.
Ces changements devraient idéalement concerner tous les aspects de notre vie, au niveau physique, intellectuel, relationnel. Ceci mobilise des zones du cerveau non utilisées, nous stimule, et au final, apporte des surprises qui mettent du piment dans notre vie. Il s’agit en fait de rompre la routine, cet énorme poids de la zone de confort, celui qui fait qu’on fait la même chose pendant des années sans les remettre en question, mais en se sentant déjà un peu mort intérieurement, comme si on faisait des choses amusantes en début de vie, et ensuite, terminé.
P-M Lledo en a une autre vision : un tel comportement n’est pas seulement une stratégie de santé mentale, cela aide à lutter contre le vieillissement ! Ainsi, avec quelques petits changements de vie, vous économisez médecin et thérapeute !
Car tous ces conseils sont gratuits, et leur mise en œuvre à notre portée !
Le seul inconvénient, c’est que cela exige de sortir de notre zone de confort. Car si cette routine qui nous éteint lentement s’est incrustée, c’est bien car, avouons-le, ne pas faire d’efforts a aussi des avantages ! La routine, c’est comme un chat qui ronronne, c’est agréable, parfois hypnotique, reposant, en un mot, cela nous évite d’avoir trop d’efforts à faire !
Je me suis souvent posé la question : au fond, pouvons nous vraiment changer ?
Le Dr LLedo a convaincu la biologiste que je suis : tous les neurones de l’hippocampe, cette structure clé du cerveau impliquée dans la formation et la gestion des émotions, ont été remplacés depuis notre naissance, grâce au renouvellement à partir des cellules souches.
Lorsque j’étais jeune scientifique, il y a une trentaine d’années, nous avions une vision figée du cerveau. J’ai appris que nos neurones établissaient de nouvelles connexions de façon très intense dans l’enfance et l’adolescence. Nous atteignions nos capacités maximales d’apprentissage vers 18-20 ans, et puis, fin de la croissance, le déclin s’amorçait déjà ! Nous savions que le foie pouvait se régénérer entièrement même si en coupait les 2/3, j’ai même isolé des cellules souche de cet organe (lignée de cellules souches hépatique, HepaRG). Mais pour le cerveau, les cellules souches et le renouvellement, ce n’était pas tellement connu.
Aujourd’hui nous savons que grâce au renouvellement des cellules souches, nous avons le potentiel de régénérer également notre cerveau, mais pour cela, il faut le stimuler ! La routine détruit cette capacité de renouvellement. Comme je le dis à mes clients, nous avons une autoroute de pensée négative. En séance, nous ouvrons un nouveau chemin, alternatif, nous amorçons une nouvelle façon de penser. Mais pour que cela devienne la route principale, il faut l’emprunter le plus souvent possible, tout en délaissant nos anciens conditionnements inconscients, en nous interdisant de reprendre l’autoroute !
J’aime aussi l’idée du Dr Lledo qui insiste sur le fait de fuir le bombardement d’informations de notre ère numérique, qu’il décrit comme « l’infobésité ». Ceci est anxiogène et nous rend « méta-ignorant », car l’absorption passive de toutes ces données ne mobilise pas un processus de compréhension, il s’agit d’un savoir « passif ».
Autres conseils ce cet auteur pour conserver un cerveau jeune
- Fuir les anxiolytiques et les somnifères
- Lutter contre le sédentarisme, car les muscles produisent des facteurs trophiques. Mon ostéopathe me l’a répété : 30 minutes d’activité forte à modérée par jour (en fait il faut que le cœur soit stimulé). Il existe une corrélation directe entre l’activité musculaire et la production de nouveaux neurones !
- S’exposer aux autres. Et oui, l’autre, ce potentiel miroir, cet être différent, cet empêcheur de tourner en rond, tranquillement assis sur notre canapé !
- Avoir une alimentation variée qui avantage la flore intestinale, notre deuxième cerveau.
Je rajoute, comme j’en ai déjà parlé, que l’oxygène et le soleil sont aussi des antidépresseurs 100% gratuits, à user sans modération (bon, une petite crème solaire pour éviter les brûlures, conservons aussi le capital jeunesse de notre peau !).
Références :
1 – « Revivre sensoriellement », Luc Nicon, Edition Emotion Forte, 2013
2 – « Qu’est ce que penser ? Apport des neurosciences », Sylvie Tordjman, Psychiatrie française – N°2/2016
3 – « Le cerveau, la machine et l’humain », Jean-Marie LLedo, Editions Odile Jacob, 2017