Lorsque je termine un accompagnement avec une personne, je propose de faire un bilan de fin de travail, quelles que soient les circonstances de l’arrêt de la thérapie.
La personne a atteint ses objectifs de mieux être
Le plus fréquemment, les objectifs, fixés en début d’accompagnement, et dont l’évolution est suivie tout au long du processus, sont atteints. Il est alors une immense joie de faire ce bilan, à la fois pour le thérapisant et pour moi-même !
Ce bilan permet au thérapisant d’exprimer clairement qu’il est venu à bout de ses problèmes, et d’en dégager, au-delà du mieux être, une satisfaction profonde du travail accompli, les obstacles qui ont été franchis, une dernière valorisation de soi avant de repartir vers une nouvelle vie, sur de nouvelles bases. Le terme de renaissance, souvent exprimé, fait tellement de bien lorsqu’il est verbalisé tout haut !
Parfois, nous faisons également le point sur ce qui reste à mettre en place de façon concrète, dans la vie, si ceci ne s’est pas déjà produit en cours de thérapie. Par exemple, pour un client ayant des difficultés à rencontrer un partenaire, ce sera la certitude profonde que ce partenaire existe, que cette relation ne présente plus d’obstacles, même si le partenaire ne s’est pas encore présenté !
Mais n’oublions pas le thérapeute. Pour nous, c’est la satisfaction du travail accompli, et comme tout le monde, même si nous avons appris à travailler dans la neutralité, dans le détachement bienveillant par rapport à l’avancée de nos clients, car nous savons que nous ne sommes que des facilitateurs, la guérison étant toujours la seule responsabilité du client, un peu de satisfaction ne nuit pas !
Je propose au client de faire un témoignage sur son parcours, s’il le souhaite. Cela entérine son mieux être, lui permet de jeter un dernier regard sur le chemin parcouru, tout en me permettant de montrer de façon concrète à quoi sert la sophro-analyse dans le cas où la personne accepte que son témoignage soit publié sur mon site (pour voir la page des témoignages, cliquez ici. Un grand merci au passage pour les personnes qui ont rédigé ces lignes).
La personne s’arrête en cours de travail
Mais il arrive que le thérapisant ne souhaite pas poursuivre sa thérapie, pour diverses raisons, financières, reprise du travail, déménagement, mais aussi perte de confiance et de motivation par rapport aux obstacles rencontrés en cours de travail, insatisfaction par rapport aux attentes initiales, rencontre de résistances profondes… Nous observons deux attitudes : ceux qui se contentent de ne plus donner de nouvelles, et ceux qui se donnent la peine d’appeler pour dire qu’ils arrêtent, en donnant leurs raisons, ou, encore mieux, en le disant au cours de la séance précédant l’arrêt. Je préfère de loin la deuxième attitude, pour le thérapisant autant que pour moi.
Pour le client, la fuite n’est jamais une bonne chose. D’abord cela ne lui permet pas de verbaliser ce qui le bloque dans son processus. Ce blocage restera donc entier et psychiquement actif pour lui, et il y sera à nouveau confronté avec le prochain accompagnant. Nous recevons souvent des personnes qui ont déjà « essayé » de multiples thérapies, voire qui zappent systématiquement au bout de quelques séances, dès que le problème véritable fait surface. Une séance de bilan permettrait au thérapeute de pointer ce comportement, et de réaffirmer que la guérison dépend de l’investissement du client, et non du thérapeute. Cette confusion est très fréquente, certaines personnes demandent au thérapeute de « résoudre » leurs problèmes. Bien que je le dise dès le début de mon accompagnement, la sophro-analyse ne fait pas partie des thérapies « miracles », susceptibles de résoudre en 3-4 séances des problèmes de toute une vie, sans investissement de la personne dans son processus de guérison. Cela a été difficile pour mon ego, mais j’ai décidé de laisser les miracles à Jésus (d’ailleurs même Lui, dans la bible, ne soignait que ceux qui le souhaitaient vraiment !).
La personne qui met fin à un accompagnement sans bilan part de plus avec une sorte de culpabilité de ne pas avoir dit ce qu’elle pense, ou au pire sur un transfert « ouvert » avec son thérapeute (une colère, un sentiment de non écoute, de découragement, un déni…). Faire une séance de clôture lui permettrait d’être dans une situation bien plus saine pour la suite de son travail sur elle même. C’est aussi une question de respect pour le thérapeute, qui, de son côté, a toujours fait de son mieux pour offrir un cadre bienveillant au développement de son client. Lorsqu’on dit simplement au revoir, on se sent tellement mieux ! Cela évite la culpabilité, plus ou moins consciente, qui pourrait naître. On est en paix avec soi, et avec l’autre. Au niveau symbolique, affronter cette peur de l’au revoir est affronter la peur de la mort, et de la séparation. C’est une dernière occasion de grandir, de s’exprimer, d’être entendu, écouté, respecté. Le client se rend compte qu’à travers la séparation, il conserve la faculté à aimer et à être aimé. Et même en cas d’insatisfaction, le bilan est extrêmement positif, car il montre qu’il a le droit d’exprimer son insatisfaction, que celle-ci est écoutée avec bienveillance et que sa perception, et sa décision, sont respectables et respectés.
Oui mais pourquoi payer une dernière séance si on veut arrêter ? Là je vous confis une expérience de thérapeute : Lorsque ce travail n’est pas fait, la séance sera faite de toutes façons par le prochain accompagnant, car, la déception étant restée « ouverte » et donc psychiquement active, c’est la première chose dont le client ait envie de se libérer lorsqu’il franchit une nouvelle porte ! Donc on n’aura rien économisé au final. Tout le monde a le droit de se tromper, et il est rare que l’on trouve le thérapeute qui nous convient dès le premier essai. D’ailleurs, toutes les personnes rencontrées font partie du long chemin du développement personnel. Il n’y a aucun travail inutile.
Pour le thérapeute, cette séance est également utile. C’est une occasion de donner d’éventuels derniers encouragements, de nommer le transfert en cours, le cas échéant, réaffirmer le cadre respectueux et bienveillant d’une écoute qui peut reprendre à tout moment. Le thérapeute réaffirme l’entière liberté de son client par rapport à son travail. En sophro-analyse, nous ne nous opposons pas à l’arrêt d’un travail, comme je l’ai si souvent entendu dans le cadre de cures de psychanalyse. Si nécessaire, le thérapeute peut également analyser la situation de son côté, prendre du recul sur son travail, faire aussi son propre bilan, et… ranger le dossier ! Rappelons qu’en termes énergétiques, tout travail non terminé est psychiquement toxique, et consomme de l’énergie. Le thérapeute est aussi un être humain, régit par les mêmes lois psychiques !
Alors, sachons nous dire au revoir, dans le respect mutuel et l’amour bienveillant, seul cadre possible pour une psychothérapie !