Vous ressentez un mal être profond, et comme de nombreuses personnes, vous vous demandez quelle est la meilleure approche pour vous aider à aller mieux ?
Est-ce la psychothérapie, avec des dizaines d’approches différentes ? Mais alors laquelle ? Une approche physique sur le corps (acupuncture, ostéopathie, danse, sport, massage, tai chi, yoga etc…) ? Une approche par ce que vous ingérez (comme le disait Hippocrate bien avant notre ère « Que ton aliment soit ton premier médicament »), comme la diététique, la naturopathie, la phytothérapie ? Un changement radical dans votre vie pour vous éloigner de ce qui vous fait souffrir serait-il plus efficace ? Ou simplement, de la méditation, une approche spirituelle ? Vous êtes perdu ? Face à tout choix, il existe aussi la possibilité de ne rien choisir, de ne rien faire. Est-ce si grave ?
Prenons une situation de mal être, par exemple un mal être relationnel. Imaginons une personne qui n’arrive pas à établir des relations satisfaisantes aux autres, que ce soit dans la sphère familiale, professionnelle, amicale ou en couple. Cet exemple sera traité de façon très superficielle afin de ne pas alourdir le propos. Je m’excuse auprès des spécialistes de chaque discipline citée qui trouveront à juste titre mon explication simpliste. Aller au plus profond des raisonnements nécessite parfois une légèreté dans la forme.
La psychanalyse fera comprendre à la personne, à condition que son niveau intellectuel lui permette un certain niveau d’abstraction, et que ses revenus ne soient pas limités, que l’origine de ce problème vient de ses relations précoces avec sa mère. Il s’agit d’un problème d’attachement, d’un défaut de soin, qui va alors teinter toutes ses relations futures d’objet.
Cette explication est intellectuellement très satisfaisante. Au moins la personne sait pourquoi elle va mal. Mais change-t-elle pour autant ?
Deuxième niveau de compréhension, avec une recherche de sens en terme d’évolution, disons sur le plan spirituel. Ce sera l’approche de certains courants d’analyse spirituelle. Une fois que l’on trouve le problème relationnel à la mère, et la carence affective primaire, on cherchera à donner un sens à cette expérience de vie. Selon ce courant d’interprétation moderne, nous « choisissons » nos parents, afin que notre âme, ou notre conscience, puisse acquérir de nouvelles compétences, de nouvelles valeurs.
Qu’est ce qui peut bien nous mener à choisir une existence qui sera si difficile, avec des parents aussi « nuls », dans le sens où l’homme est un être social, et qu’une existence aux relations interpersonnelles insatisfaisantes sera particulièrement déplaisante ? On peut alors accéder à un autre niveau d’interprétation. Admettons qu’une conscience cherche à développer l’amour. Quelle sera la meilleure situation de vie pour y parvenir ? Arriver dans une famille dépourvue de soins aimants. Il faudra alors « inventer » ou créer l’amour à partir de zéro, sans modèle parental. Prenons un autre exemple de ce genre. Imaginons qu’une conscience cherche à développer la capacité de courage. Il lui faudra alors « choisir » d’être confronté, de son vivant, à des situations de peur jusqu’à ce qu’il trouve en lui la capacité de les affronter, ce qui signifie du courage.
A ce stade, la personne acquière un nouveau regard sur son mal être. L’avantage sera ici de passer à un autre niveau d’interprétation : celui où on a le sentiment d’avoir fait un choix. Cela lui redonne un sentiment de responsabilité et de libre arbitre sur sa vie, ce qui a l’avantage de lui permettre de sortir du statut de « victime » de parents non aimants.
Et si aucune explication ne la convainc au final ?
Lassée de voir que toutes ces explications « rationnelles » ne changent pas sa vie, la personne pourra alors être tentée de se tourner vers l’hypnose (si elle accepte qu’on puisse changer d’attitude par une manipulation mentale, en tout cas c’est tentant après tous ces efforts !) ou les thérapies comportementales, qui nécessiteront un engagement plus conscient et actif dans son processus de guérison.
Et si ces approches ne suffisent toujours pas ?
Au final, à mon sens, le type d’explication importe peu, de même que la nature de l’aide apportée. Tout est une question de croyances dans la vie, et ce sont nos croyances qui dirigent notre vie. Ce qu’il faut est que la personne croie suffisamment en la thérapie choisie, avec une bonne alliance thérapeutique avec l’aidant, pour retrouver l’élan vital nécessaire pour réorienter sa vie dans un sens positif.
Mais il reste une interprétation plus profonde, qui sera de nature spirituelle. On pourra se dire que tout compte fait, toute cette recherche de sens, d’explications, est une recherche intellectuelle, guidée par un ego surpuissant, qui cherche au fond à tout contrôler. On sera soulagé de suivre des maîtres spirituels tels que Mooji, qui nous explique avec beaucoup de douceur et d’humour que cet ego qui tente toujours de contrôler notre vie n’est pas notre vrai Soi. Notre vraie nature n’a besoin d’aucun fait pour exister, en quelques mots notre être véritable échappe à toutes ces tergiversations de notre activité mentale dualiste et jugeante.
Si votre être profond, simple et joyeux, s’élève encore d’un cran, et retrouve sa joie et son humour naturel, vous en viendrez même à vous dire que finalement, vous avez vraiment eu de la chance d’avoir des parents non aimants ! Le bouddhisme place l’attachement à l’origine de toute souffrance. Vous avez ainsi la possibilité de transcender toute souffrance sans connaître l’existence austère d’un futur maître bouddhiste arraché à sa mère dans son plus jeune âge pour être formé par un maître ! L’avantage du travail sur l’ego, dans un relatif confort et une plus grande latitude de liberté !
Autre idée pour sortir de tout ce binz psychologique… Vous oubliez le passé, que jamais vous ne changerez, et cessez de vous projeter dans le futur, que jamais vous ne contrôlerez, pour vivre uniquement dans l’instant présent, le seul qui existe vraiment. Regardez cet instant sous toutes ses facettes positives. Et améliorez tout ce qui peut être facilement amélioré. Le reste n’est que vision inappropriée de l’esprit (lire Eckart Tolle, le pouvoir du moment présent).
Au final que disent la plupart des approches spirituelles de l’existence ? La nature profonde, le sens de l’existence, est de vivre une expérience d’amour. Une ou plusieurs facettes de cet amour. L’expérience d’amour, c’est aussi une acceptation profonde, sans dualité du type bien et mal, de toute expérience vécue. C’est avant tout l’amour de soi, inconditionnel, puis l’amour de l’autre. Cet amour nécessite un pardon, lui-même inconditionnel, de toutes les blessures reçues, que l’on s’inflige à soi même, car nous sommes nos pires bourreaux, ou reçues par l’intermédiaire d’un tiers, parent ou autre personne. Le pardon c’est le détachement, c’est cesser de tout expliquer avec le filtre du passé, de désigner des coupables ou des responsables, avec une vision dualiste de bien et de mal. Tout est bien, tout est juste, dans la mesure où chaque douleur a son enseignement. Comme le disait Balzac « Chaque douleur a son enseignement, et j’ai souffert sur tant de points, que mon savoir est vaste ». Oui l’homme apprend souvent en traversant la douleur. C’est ainsi qu’il acquière avec l’âge ce que l’on appelle la sagesse.
Alors, qui est le plus sage au fond, qui est le plus évolué ? Celui qui a passé sa vie à essayer d’aller mieux, a consacré des heures et un certain budget à comprendre l’origine de ses blessures et à tenter de changer son ressenti de l’existence, ou celui qui n’a rien cherché à comprendre, qui a accepté la vie telle qu’elle se déroulait pour lui ? La personne psychopathe, ou handicapée mentale, qui par définition n’a pas accès à tout ce sens, a-t-elle une moindre occasion de faire évoluer sa conscience dans le sens de l’amour ? Son expérience humaine est-elle moins valable que celle d’une personne qui aura consacré une partie de sa vie à aller mieux ?
Et si après toutes ces recherches, un grand savant parvenait à vous démontrer que toute cette douleur vient en fait tout simplement d’un problème de régulation hormonale, ou alors un dysfonctionnement neurologique incurable, stupidement biologique. Freud lui-même avait prédit que les scientifiques trouveraient des explications biologiques sous tendant les problèmes psychologiques. Quelle serait votre attitude alors ? Certainement pas réfléchir ! Vous seriez probablement amené à vous accepter tel que vous êtes et jouir de la vie au maximum (lire Osho). Ou alors reconsidérer votre vie et vous focaliser plus sur ce qui va bien, dans une approche de gratitude (si utile !).
L’idée sous jacente de cet article n’est pas que le travail sur soi ne sert à rien (ce serait un auto-suicide pour un thérapeute!), mais plutôt un encouragement pour une prise de recul afin de parvenir plus vite au stade de sagesse décrit par Marc Aurèle (empereur et philosophe romain, 161-180) : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre« . Et d’atteindre plus rapidement ce que François Roustang, philosophe et psychanalyste, décrit dans son ouvrage « La fin de la plainte ». « Il faut en finir avec la plainte, sortir de notre moi chéri, que nous cultivons à coups de jérémiades. C’est seulement à cette condition que nous pourrons refondre notre existence afin de nous ouvrir enfin au monde et aux autres« . Vaste programme 🙂
J’espère que ce court article aura occupé quelques instants ce grand four énergétique qu’est le mental.
Acceptation, amour et compassion sont une démarche complémentaire essentielle !
Petit conseil pour terminer, il serait bon pour vous à présent de consacrer autant de temps que cette lecture dans le silence de l’esprit.